Le service d’interprétariat de la COP 21 concentre des dizaines d’interprètes et de traducteurs garantissant une compréhension mutuelle dans un processus de négociation complexe. Enjeux de deux professions sous tension !
Introduction
170 Millions d’€ sont consacrés à la COP21 « l’une des plus importantes conférences diplomatiques jamais organisées en dehors des assemblées générales des Nations unies à New York » selon Laurent Fabius.
Avec 147 chefs d’état, 40 000 visiteurs et près de 3000 journalistes du monde entier, cet événement concentre probablement le plus grand nombre d’interprètes et de traducteurs accrédités [lien article Blog Se faire accréditer comme interprète free-lance], en free-lance ou pas.
Ils ont une lourde responsabilité dans le processus d’une négociation complexe qui doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous, pour maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C.
1. Le français et l’anglais pour ne pas léser les pays francophones en voie de développement
La Secrétaire d’Etat française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin a souhaité que la conférence de l’ONU sur le climat se déroule en anglais et en français pour qu’aucun pays francophone en développement ne soit lésé dans le processus des négociations.
Un libre-service d’interprétariat est mis à la disposition des participants qui ont font la demande. Les textes des accords seront édités à la fois en français et en anglais même si les négociations sont menées en anglais.
Une plate-forme de réservation d’interprètes a été mise en place pour tous les acteurs y compris ceux de la société civile. Les présentations et supports des différentes parties ont été centralisées jusqu’au 15 novembre, pour permettre aux interprètes professionnels d’étudier les contenus et proposer une prestation optimale.
En complément de cette offre, les différentes délégations se déplacent également avec leurs propres traducteurs et interprètes.
2. Interprètes et traducteurs sous haute tension
Au-delà des compétences purement liées à la maîtrise de deux ou plusieurs langues, l’interprète de conférence free-lance ou en portage ou le traducteur [ lien site devenir interprète en portage salarial] doit faire preuve d’une grande agilité d’esprit, d’une résistance au stress à toute épreuve et d’une très bonne culture générale.
Le temps de préparation avant d’interpréter ou de traduire est aussi important que l’exercice final.
Réflexion de l’une de nos portés
Hélène Piantone, traductrice en portage salarial chez MISSIONS-CADRES nous livre sa réflexion sur la nécessaire préparation du traducteur ou de l’interprète : « Cela fait plusieurs années que je traduis des documents pour les Conférences des Parties qui se tiennent en novembre/décembre dans un lieu différent de la planète.
Quel que soit le sujet, les forêts ou l’eau par exemple, ce sont toujours des textes complexes, demandant de nombreuses recherches documentaires et vérifications sur internet, et parfois un travail d’équipe la main dans la main avec d’autres traductrices. Naturellement, l’exercice n’est pas à la portée de quiconque ne pratiquant pas le métier de traducteur depuis un certain temps, car il est indispensable d’avoir déjà de sérieuses compétences, des glossaires personnels plutôt étoffés, une méthode de recherche terminologique et documentaire et une solide organisation afin de livrer les traductions dans des délais serrés. Exercice exigeant, mais passionnant et captivant.
Je suis fière de faire partie des professionnels qui contribuent à la diffusion des connaissances, aux actions de communication et aux échanges suscités par ce rendez-vous annuel de la communauté internationale. Et quel plaisir quand, de retour d’une conférence, le client est heureux d’avoir été complimenté sur la qualité de ses publications traduites en français ! »
Des responsabilités
Dans le cadre d’une telle négociation qui engage les parties de 197 pays où chaque président présentera ses propositions finales en 3 mn et où les tractations ont lieu jour et nuit, la responsabilité de l’interprète et du traducteur est immense. L’interprète de conférence doit être préparé aux thèmes abordés, au vocabulaire spécifique. Il doit comprendre et saisir en temps réel les nuances de chaque mot qui pèse dans la recherche d’un accord et s’adapter aux conditions techniques et à l’accent des interlocuteurs.
Hélène Piantone a assisté pendant 2 jours au dernier Open Agri Food organisé à Orléans : « Parmi les conférenciers, il y avait un Nigérian et une Chinoise qui parlaient très vite et avec un accent peu aisé à comprendre. Les interprètes en cabine ont dû avoir beaucoup de mal à restituer leurs propos. Je pense que l’une des difficultés est que l’orateur peut employer un terme technique que l’interprète n’a jamais rencontré et il n’est pas question de chercher sur internet pour trouver la bonne traduction. ».
3. Quel avenir pour les interprètes ?
Dans un article publié le 18 mars 2010, le Monde tirait déjà la sonnette d’alarme sur le risque d’une pénurie d’interprètes d’ici 2020 dans les grandes organisations internationales.
En cause, plusieurs phénomènes :
• le départ à la retraite de « 40% des 600 fonctionnaires interprètes, toutes langues confondues, embauchés dans les années 70 »
• la concurrence du privé
• une désaffection pour le métier par des jeunes qui considèrent que tout le monde parle anglais aujourd’hui
• un taux de réussite aux concours d’admission des institutions internationales qui reste faible : 30% des candidats.
Métier d’avenir
Pourtant le métier d’interprète reste un métier d’avenir qui demande une formation exigeante. La COP21 vient nous rappeler le rôle essentiel du traducteur et de l’interprète sans lesquels les organisations internationales admettent qu’elles ne pourraient exercer leurs missions.
Un tiers des collaborateurs en portage salarial [lien site à qui s’adresse le portage salarial] chez MISSIONS-CADRES sont interprètes ou traducteurs.
Nous vous invitons à échanger sur la complexité de votre métier, sur vos missions et le rôle essentiel que vous êtes amené à jouer dans les conférences internationales, dans toute négociation. L’ESIT et l’ISIT rappelaient dans un article de 2010 que « Le fondement même du travail des traducteurs et interprètes professionnels, est de permettre aux hommes et aux femmes, quelles que soient leur langue et leur culture de se comprendre au-delà des mots ».