Philippe Exertier, ingénieur infographiste 3D en portage salarial
Comment devenir infographiste 3D indépendant ? Philippe Exertier cumule portage salarial et micro-entreprise pour lancer son activité après 18 ans de salariat. Témoignage d’un changement de cap réussi.
Introduction
Par Bernard Béguin, secrétaire général de MISSIONS-CADRES
Après 18 ans de carrière en entreprise, Philippe Exertier, Ingénieur Infographiste 3D choisit la voie de l’indépendance. Depuis deux ans, ce free-lance cumule deux statuts, la micro-entreprise et le portage salarial, pour avoir les coudées franches dans l’exercice de son métier. Avec les pieds sur terre et la tête dans les images, ce professionnel doté d’une double compétence illustre et valorise les projets de ses clients dans les domaines de l’industrie, de l’architecture et de l’urbanisme.
1. Bernard Béguin : Pourquoi avez-vous choisi l’indépendance après une carrière de salarié ?
Philippe Exertier : « J’ai exercé mon métier dans une petite PME spécialisée dans la création d’images de synthèse pendant 16 ans. J’étais le responsable de production de toutes les images créées en interne. En 2015, les gérants ont décidé de prendre leur retraite. Ils m’ont naturellement demandé si je souhaitais reprendre l’affaire. J’ai préféré lancer ma propre activité. Ce choix correspondait mieux à ce que je souhaitais.
Salarié, mon emploi du temps était consacré à 50% à la gestion de projet et à 50% à la production pure. J’ai donc gardé et cultivé mes compétences de créateur d’images pendant toutes ces années, les doigts sur le clavier pour produire des images et des films en 3D. Fort de cette double expérience, j’ai décidé de créer ma propre structure. Cela fait maintenant deux ans que je travaille en tant qu’indépendant. »
2. B.B. : Quel est votre cœur de métier ?
P.E. : « Mon travail consiste à créer des images de synthèse ou des films en 3D, rigoureux et crédibles. J’apporte mon savoir-faire et mes connaissances techniques pour valoriser des projets industriels, d’architecture ou d’urbanisme : volumétrie, cohérence visuelle, insertion dans l’environnement futur, communication. J’ai une complète maîtrise de la création d’images 3D ou animées (modélisation, texturage, éclairage, cadrage, animation, rendus, montage). »
3. B.B. : Quelle est votre valeur ajoutée vis-à-vis d’autres confrères selon vous ?
P.E. :« Dans l’industrie, l’architecture ou l’urbanisme, l’image fixe ou animée 3D est un outil d’information et de communication stratégique pour le client. Il doit lui permettre de donner une idée concrète et cohérente des points forts d’un avant-projet ou des possibilités d’application d’un produit aux prospects qu’il cible. C’est pourquoi, pour mes prestations, il est essentiel de comprendre précisément les aspects purement techniques d’une commande d’images, et si nécessaire, de compléter visuellement et de manière cohérente un aspect qui n’a pas encore été totalement défini par les services techniques ou de recherche et développement.
Face à ces énormes enjeux visuels, mon premier atout est ma double compétence. Je suis ingénieur généraliste diplômé de l’ECAM de Lyon. J’ai complété cette formation par un Mastère Spécialisé en Innovation & Prospective et un diplôme d’Engineering Designer.
Quand un client sollicite mes services, c’est plus simple car il fait le choix de collaborer avec un prestataire qui a un profil à la fois technique et créatif. Il sait que la traduction en images de son projet sera la plus fidèle possible. Il y a un vrai gain de temps et de réduction des risques d’incompréhension.
En tant qu’ingénieur, mes compétences techniques me permettent de facilement m’approprier les projets qui me sont confiés. Ma formation et mon expérience en design industriel me permettent de traduire en images et de manière cohérente ces différents projets, même si tous les détails techniques ne sont pas encore finalisés.
Souvent j’interviens dès le stade de la conception. Tout n’a pas encore été étudié à 100%. Je suis régulièrement la première entité qui va assembler les différentes données produites par les bureaux d’études et les différents services du client.
Mes images sont utilisées pour les services de communication et/ou marketing. Tout n’est pas forcément montré dans le détail, mais c’est à moi de rendre les choses cohérentes visuellement, même si certains points ne sont pas encore explicites. Par exemple, siune structure porteuse n’est pas complètement définie, je vais la compléter pour obtenir une visualisation crédible.
Un autre atout est ma grande expérience dans la gestion de projets, acquise en tant qu’ancien responsable de production. Même si je suis indépendant, je travaille régulièrement en équipe, soit pour de grosses commandes ou pour les aspects très spécialisés d’une demande. Mes clients savent que je monterai une équipe dédiée pour produire à la fois des visuels avec la qualité attendue, quelle que soit la complexité, tout en respectant les délais qui peuvent être serrés. »
4. B.B. : Ces clients, qui sont-ils ?
P.E. : « Je travaille régulièrement pour une société spécialisée dans la fabrication de robots industriels pour les chaines de production. Je suis en lien avec leurs services développement produit et marketing. Je réalise beaucoup d’images pour illustrer toutes les possibilités de robotisation de diverses chaines de production. C’est une grande responsabilité car ces images sont stratégiques pour cette entreprise. Elles doivent montrer les axes de développement possibles pour des clients issus d’industries différentes.
Un de mes autres clients, connu du grand public en tant que spécialiste des remontées mécaniques pour les sports d’hiver, a également une autre importante activité: la création de mini lignes de métro ou de tramway pour faire les liaisons inter-terminaux dans les grands aéroports internationaux. Pour eux, je crée des films en 3D. C’est un outil d’aide à la vente stratégique dans ce secteur de niche. Il n’existe que 4 ou 5 entreprises dans le monde qui ont cette expertise. Lorsqu’ils répondent à des appels d’offres mondiaux, le film réalisé leur permet de beaucoup mieux expliquer et valoriser leur projet.
J’ai aussi eu l’opportunité de pouvoir réaliser un film sur la modernisation du nœud ferroviaire de Bretigny-sur-Orge pour un grand acteur du rail.
Je suis régulièrement missionné dans l’urbanisme, soit par des agences de communication dédiées à ce type de projet, soit par les bureaux d’études eux-mêmes. Je réalise des images et des films en 3D sur des projets de réaménagement urbains.
Par exemple, je travaille depuis 2013 sur le projet de grand plan campus d’une université. J’ai réalisé une maquette complète en temps réel avec la possibilité de visiter le site de manière virtuelle. Aujourd’hui, cet outil a besoin d’une mise à jour conséquente. Je suis en mesure de proposer une prestation complète car j’ai rassemblé une petite équipe spécialisée pour ce type de prestation. J’interviens alors en tant que chef de projet. »
5. B.B. : Micro-entreprise et portage salarial : pourquoi avez-vous choisi de cumuler ces deux statuts ?
P.E. :« J’ai d’abord fait le choix le plus connu et le plus en vogue à l’époque : la micro-entreprise que j’ai créée en 2015. Mais dès 2016, mon activité s’étant bien développée, j’ai rapidement été bloqué par la limitation du CA, une des contraintes du statut initial. Je me suis interrogé en 2016 sur les solutions que je pouvais trouver sans créer une véritable structure. Je voulais rester centré sur mon cœur de métier et ne pas avoir à gérer les complexités de la comptabilité, de l’administration et de la fiscalité.
C’est en discutant avec mon entourage professionnel et personnel que le portage salarial est rapidement devenu un choix intéressant. J’ai pris contact avec MISSIONS-CADRES via mon réseau professionnel.
Aujourd’hui, je jongle avec les deux statuts. Le portage salarial est simple à mettre en place et je ne suis plus limité en chiffre d’affaires. Son autre atout est que si nécessaire, je peux mettre en place une véritable sous-traitance, contrairement à la micro-entreprise.
J’ai été surpris par le bon accueil de mes clients lorsque je les ai informés que j’avais ce double statut : une très bonne perception et aucune gêne pour eux en termes de facturation. Cela les rassure de savoir que j’ai du travail et que mon activité tourne bien. »
6. B.B. : Que retenez-vous de votre changement de statut ?
P.E. :« Très vite, j’ai pris conscience à quel point la relation avec le client changeait. Avant, en tant que responsable de production, même si j’étais l’interlocuteur privilégié des clients, je restais le salarié de la société qui m’employait.
Aujourd’hui, en tant qu’indépendant, j’ai toujours cette relation directe avec mes clients, mais ma seule responsabilité est engagée. J’ai rapidement compris ce nouvel enjeu, et que je pouvais bâtir des relations beaucoup plus humaines avec mes clients. Ils n’ont plus une société en face d’eux mais une personne. C’est beaucoup plus agréable à vivre, et cela permet de construire de véritables collaborations.
En matière de développement, mon activité fonctionne bien et ceci essentiellement par le réseau. J’ai lancé mon activité d’indépendant car j’avais le sentiment d’avoir la maîtrise de l’essentiel des facettes de mon métier pour percer : la gestion de projets, les compétences techniques d’ingénieur, gérer en permanence les priorités et naturellement toujours avoir les doigts dans la production ! Ma véritable surprise a été de constater à quelle point cette nouvelle aventure professionnelle est passionnante !
Depuis le début de mon activité, mon planning tourne à plein régime et j’ai cette chance de travailler en pleine confiance avec ma clientèle, qui constate mon véritable engagement pour chaque prestation.
Peut-être un jour, reviendrais-je vers les études de projets en tant qu’ingénieur, pour travailler à nouveau sur la conception. »