Un an après la réforme de la formation professionnelle, qui sont les grands perdants ? Des salariés aux formateurs indépendants ou en portage salarial, bilan d’une année de complexité !
Introduction
L’effet d’annonce qui promettait une formation professionnelle remodelée en mieux a fait son temps… La pile de décrets publiés est passée par là ! Où en sommes-nous, un an après la réforme de la formation professionnelle ? Loin d’être tenue, la promesse aboutit à une chute des demandes de formation et à une baisse des commandes chez les formateurs indépendants [lien site devenir formateur porté].
Du DIF au CPF, le choc de la complexification
Le site http://www.miroirsocial.com révèle quelques chiffres clés : l’ancien DIF permettait à 600’000 salariés de se former tous les ans. Le gouvernement annonce que 200’000 CPF ont été initiés en 2015. Mais le taux de réalisation est d’une faiblesse alarmante : 3’000 dans le secteur privé par exemple ! Complexité, perte des dossiers, manque de financement, rejet du projet, les raisons sont multiples.
Si créer son compte reste une démarche assez simple sur le site moncompteformation.gouv.fr, la suite de l’exercice est bien plus complexe. Premier écueil, trouver une formation en lien avec ses besoins. Diplômes au long court, CAP, licences ou masters composent essentiellement la liste des formations éligibles, et ceci selon sa branche et sa région. Dans un de ses articles consacré au sujet, Capital (http://www.capital.fr) a interviewé Joël Ruiz, le directeur d’Agefos PME qui précise que « A peu près 70% des formations qui étaient éligibles au DIF ne le sont pas au CPF».
L’offre est particulièrement inadaptée aux demandes de formations courtes.
Or, c’est le premier besoin identifié chez les salariés qui doivent régulièrement mettre à jour leurs compétences (nouvelles technologies, nouvelles procédures managériales, gestion de projet, etc.) pour que leur entreprise reste performante. Les formations en langues sont les grandes absentes du système.
Second écueil, monter le dossier et se faire financer… Dans la majorité des cas, les heures ne suffisent pas à suivre la formation éventuellement choisie. Au-delà de la complexité administrative du dossier, il faut donc aussi bénéficier de financements complémentaires par un OPCA auquel est affiliée l’entreprise ou par l’entreprise elle-même. Sur le site monncompteformation.gouv.fr, si l’on clique sur l’onglet « je suis salarié et j’ai la capacité de monter seul mon dossier de formation », ce sont près de 15 procédures qu’il faut suivre pour monter son projet !
Quel que soit le cas de figure, on retrouve inévitablement cette petite mention : « L’OPCA instruit mon dossier et le financement de ma formation. Cette phase est plus ou moins longue car il faut parfois obtenir l’accord du ou des financeurs. Une contribution financière pourra m’être demandée. ».
Des entreprises gagnantes ou perdantes ?
En matière de contributions, de nouvelles dispositions entreront en vigueur en février prochain. Les entreprises de moins de 10 salariés reverseront 0,55% de leur masse salariale au titre de la formation professionnelle, et toutes les autres 1%.
Les fonds mutualisés seront mobilisés plus difficilement puisqu’ils devront automatiquement répondre aux critères de l’OPCA dont dépend l’entreprise. Les formations courtes et taillées sur mesure devront être prises en charge par les entreprises elles-mêmes le plus souvent.
Face à cet effort financier prévisible et face à l’assouplissement de la ventilation des fonds, il est à craindre que le budget formation de certaines sociétés soit revu à la baisse, avec un impact sur le secteur de la formation et des attentes beaucoup plus fortes en termes de services, qualifications, retours sur investissement.
Quel impact pour les formateurs free-lance ou en portage salarial ?
Le Syndicat des consultants formateurs indépendants (SYCFI) http://www.consultant-formateur-independant.org/ a réalisé une enquête sur l’impact de la réforme de la formation professionnelle en juin et juillet 2015. Les résultats confirment une chute des activités des formateurs free-lance [site votre profil de formateur] . 60% d’entre eux déclarent avoir été impactés par la réforme. 1/3 des formateurs dénoncent une perte d’activité importante tandis qu’un autre 1/3 annonce une perte d’activité modérée.
La profession a enregistré une baisse de 20% des commandes en 2015 (premier semestre).
Selon l’enquête, 70% des formateurs envisagent d’adapter leur nouvelle façon de travailler et plus de 70% souhaitent se faire certifier face à un marché qui évolue, où de nouvelles contraintes s’imposent (certifications demandées par les OPCA).
Face à la crise du secteur de la formation professionnelle indépendante, le SYCFI a publié un communiqué de presse en juin dernier qui « appelle les organismes de formation au respect mutuel et à la coopération ». Le Syndicat y dénonce les pratiques actuelles de la sous-traitance, et notamment la baisse des honoraires pratiquée par certains organismes de formation pour faire face à l’impact de la réforme.
Quelles sont les tendances 2016 en matière de formation qu’ont décryptées les spécialistes ?
Ils mettent l’accent sur le développement des formations intra, des doubles évaluations ( à chaud et à froid), sur la poursuite de l’essor des formation en ligne. La co-construction des projets de formation avec l’entreprise est de mise. L’heure est à des offres de service de plus en plus personnalisées.